Cryptos, espionnage et sanctions : Les USA gèlent 7,7 millions de $ appartenant à la Corée du Nord
06/06/2025Cryptomonnaies et imposture. Et si derrière le développeur anonyme que vous avez recruté sur une plateforme freelance se cachait… un agent au service de Pyongyang ? C’est le scénario digne d’un thriller géopolitique que vient de confirmer le Département de la Justice des États-Unis (DoJ), en s’attaquant à un vaste réseau nord-coréen de blanchiment de cryptos dont la dernière prise s’élève à 7,74 millions de dollars. Les détails.
- Le Département de la Justice des États-Unis a confirmé l’existence d’un réseau nord-coréen de blanchiment de cryptomonnaies impliquant des développeurs infiltrés.
- Une plainte de saisie civile a révélé des actifs numériques de 7,74 millions de dollars, dissimulés par des travailleurs IT nord-coréens utilisant des techniques sophistiquées de blanchiment.
Quand la dictature mise sur les stablecoins
Ce 5 juin 2025, le DoJ a déposé une plainte de saisie civile visant un véritable butin : stablecoins (USDC, USDT), Bitcoin, NFT et noms de domaines Ethereum, tous dissimulés dans des portefeuilles autonomes et des comptes Binance.
Ces actifs proviendraient d’emplois fictifs obtenus par des travailleurs IT nord-coréens disséminés aux quatre coins du globe, infiltrés dans des entreprises blockchain grâce à de faux papiers.
Payés en cryptos, ces développeurs du régime de Kim Jong-un ne codent pas seulement des smart contracts : ils tissent la toile financière d’un État sous sanctions, utilisant des techniques dignes d’un manuel de blanchiment professionnel — « chain hopping », « token swapping », achat de NFT, comptes fictifs, et même exploitation d’identités volées de citoyens américains.
« Le ministère dépose une plainte pour confiscation civile contre plus de 7,74 millions de dollars blanchis au nom du gouvernement nord-coréen. »
Une opération millimétrée… et stratégique
Cette action judiciaire fait suite à une série d’enquêtes du FBI et s’inscrit dans le cadre de l’initiative DPRK RevGen, lancée en 2024 pour désamorcer les canaux de financement illicites de la Corée du Nord.
Le nom à retenir ? Sim Hyon Sop, banquier basé en Chine, qui jouait les chefs d’orchestre de cette symphonie de fraudes, en tandem avec Kim Sang Man, patron de Chinyong, une « coopérative IT » très officielle, mais directement subordonnée au ministère nord-coréen de la Défense.
“Crime may pay in other countries but that’s not how it works here,” a déclaré l’U.S. Attorney Jeanine Ferris Pirro, avec le panache d’un personnage de série judiciaire. Le message est limpide : pas question de laisser la blockchain devenir un distributeur automatique de fonds pour des régimes sanctionnés.
« Le crime paie peut-être dans d’autres pays, mais ce n’est pas comme ça que ça marche ici.»
Juge Jeanine Ferris Pirro – Communiqué de presse
La crypto, terrain de guerre hybride
Ce n’est pas la première fois que la crypto se retrouve au cœur des ambitions nord-coréennes. Le Threat Intelligence Group de Google alertait déjà en avril 2025 sur l’expansion des opérations nord-coréennes hors des États-Unis, avec un ciblage accru des entreprises blockchain européennes.
Quant à l’analyste ZachXBT, il dévoilait en 2024 une véritable fourmilière de développeurs nord-coréens gagnant jusqu’à 500 000 dollars par mois. Récemment encore, le hack historique de Bybit, dont les ramifications restent obscures, pourrait bien s’ajouter à la longue liste des coups montés par la Corée du Nord, maître du cambriolage numérique à visage masqué.
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