Bitcoin et blockchain : Les solutions à la crise de la dette des Etats ?
07/20/2025SOS Économie en détresse... Les Chiffres sont là. La dette publique américaine s’élève aujourd’hui à près de 37 000 milliards de dollars. Un chiffre vertigineux, qui ne surprend plus vraiment tant il est devenu une constante du paysage économique global. Pourtant, derrière cette inertie apparente se cache un poids structurel considérable, qui ne freine pas seulement les finances publiques, mais étouffe aussi l’innovation du secteur privé. Dans un article publié par Forbes, Brian Domitrovic, historien et auteur du livre Free Money, avance une hypothèse qui a attiré notre attention : et si la blockchain, et plus précisément Bitcoin, pouvait contribuer à sortir de cette impasse ? Non pas en annulant magiquement les dettes, mais en ouvrant une brèche dans le monopole des obligations d’État comme référence « sans risque ». Explications.
- La dette publique américaine a atteint un niveau vertigineux de près de 37 000 milliards de dollars, exerçant une pression considérable sur l’innovation financière.
- Bitcoin et la blockchain pourraient offrir une alternative au monopole des obligations d’État en créant des instruments financiers décentralisés, traçables et programmables.
Une dette qui verrouille l’innovation financière
Ce qui inquiète Domitrovic, ce n’est pas uniquement le montant astronomique de la dette, mais le fait qu’elle soit devenue la norme mondiale de la sécurité financière. Les obligations du Trésor américain sont utilisées comme étalon dans le calcul des taux d’intérêt. Cette domination empêche l’émergence de véritables alternatives privées.
Depuis des décennies, le gouvernement américain pousse les banques à intégrer ces obligations dans leurs bilans, souvent au détriment de produits financiers innovants. Le marché privé est ainsi dans l’incapacité de développer ses propres titres “sans risque”, pourtant nécessaires à une diversification saine de l’économie.

Blockchain : Des titres financiers décentralisés à portée de clic
C’est ici qu’interviennent Bitcoin et la technologie blockchain. Grâce à cette dernière, il devient techniquement possible de créer des instruments financiers décentralisés, traçables, transparents et programmables. On parle déjà de smart bonds, ces obligations intelligentes dont le cycle de vie est entièrement automatisé par des contrats intelligents.
Et cela ne relève plus de la science-fiction. En 2018, la Banque mondiale lançait le projet Bond-i pour émettre des obligations sur une infrastructure blockchain. En février 2024, Hong Kong a franchi une nouvelle étape avec l’émission de 750 millions de dollars via une blockchain privée développée par HSBC. La transaction, d’une efficacité redoutable, s’est réglée en une journée, contre cinq habituellement. La Banque européenne d’investissement s’est également engouffrée dans la brèche.
Ces initiatives montrent que l’infrastructure fonctionne. La blockchain offre une réduction de coûts, une accélération des règlements (T+1), une meilleure traçabilité et une transparence accrue. Bref, tout ce que la finance traditionnelle réclame depuis des années.
Des freins politiques et juridiques persistants
Mais cette avancée technologique se heurte à des murs bien réels. D’abord, les systèmes bancaires actuels, dits legacy, sont rarement compatibles avec les blockchains. Ensuite, il n’existe pas encore de cadre juridique harmonisé pour reconnaître et encadrer ces nouveaux instruments. Quel statut donner à une obligation entièrement gérée par code ? Comment l’intégrer dans le droit financier classique ?
Plus encore, il faut s’interroger sur les intérêts géopolitiques. Car admettre que le privé, via des protocoles décentralisés comme Ethereum ou Bitcoin, puisse émettre des actifs sûrs revient à remettre en cause le monopole implicite des États sur la confiance.
Une citation d’Alan Greenspan, ancien président de la Fed, prend alors tout son sens : « Il serait poignant que les titres de la dette fédérale mordent la poussière, alors que l’innovation des titres privés prendrait le relais ».
Crypto et blockchain : Une nouvelle hiérarchie de la confiance ?
La blockchain propose de reconstruire la confiance autrement. Non plus en s’appuyant sur la parole de l’État, mais sur la rigueur d’un protocole informatique, immuable et transparent. À condition, bien sûr, que cette confiance soit partagée, comprise et adoptée.
Des initiatives émergent pour construire ce pont entre finance traditionnelle et finance décentralisée. L’ICMA travaille sur des standards pour l’émission de titres blockchain. Des banques centrales testent des émissions pilotes. Et le Trésor britannique a même évoqué la possibilité de lancer ses propres gilts tokenisés.
Mais ce mouvement reste lent, fragmenté, et parfois freiné par des réticences idéologiques ou corporatistes. Pour que la promesse devienne réalité, il faudra une impulsion coordonnée : des régulateurs audacieux, des institutions bancaires prêtes à évoluer, et des investisseurs convaincus que la confiance ne réside plus uniquement dans le drapeau imprimé sur un bon du Trésor.
Bitcoin et la blockchain ne règleront pas la crise de la dette d’un coup de baguette magique. Mais ils offrent une opportunité : celle de désétatiser partiellement la sécurité financière. En laissant au privé la capacité de créer des titres alternatifs crédibles, adossés à des mécanismes technologiques robustes, on pourrait enfin sortir d’un système hypertrophié et redonner à l’innovation financière l’espace qu’elle mérite.
La blockchain ne sauvera pas les États. Mais elle pourrait bien sauver la finance de ceux-ci.

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